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Le banquet des philosophes
(Les Lumières)
Est-il perdu cet art que savaient les Anciens
Inventant le monde sur des lits de pourpre
La main dans les plats et les lèvres luisantes
Foies gras pâtés de roses vulves de truie
Tant d’audacieux traités nourris par Apicius
De décrets enfantés par les vins miellés
La langue assez a gourmandé le corps
Qu’elle soit pour lui désormais gourmandée
Aimons la raison mais non en jacobins
Dont sauces ni vins ne maculaient l’habit
Que la dialectique est le règne des maigres
Ce n’est qu’un complot pour entraver l’esprit
Au diable l’abstinence et les macérations
La pensée qui jeûne est impuissante
Fontenelle enseignant l’astronomie aux belles
Doit au porc son génie plus qu’à la Faculté
L’esprit le plus sec régalé de chair cuite
Et de vins clairets refonderait le monde
Vive donc les Lumières et l’Encyclopédie
S’ils font meilleurs la caillebotte et le beurre
Faisons frairie de tout célébrons la nature
Accroissons-nous par des passions nombreuses
Et sur les pas des généraux de Bonaparte
Chassant la famine et les bonnets carrés
Répandons avec audace la philosophie
Un ortolan dans la joue mouillé d’armagnac
Et sur les genoux une beauté vermeille
Peignée à la diable…
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